Jean-Charles Lenoël ! Un comédien qui a offert une interprétation mémorable de Cyrano de Bergerac à la médiathèque de Granville. J’étais médusée sur mon siège roto-moulé en plastique très souple. J’en avais omis son inconfort !! C’est dire ! Transportée et impressionnée face à ce Cyrano majestueux, je décidai de découvrir l’artiste caché derrière le personnage!
En suivant La Compagnie du marin et ses représentations théâtrales chez l’habitant, ses lectures avec Michel Vivier, ses clips Rock and Roll… Jusqu’au jour où j’eu la chance de pouvoir rencontrer Jean-Charles en personne après lui avoir proposé une entrevue.
Jean-Charles est arrivé dans un pub vêtu d’une veste en jean, un chèche bleu, un pantalon et des chaussures marines, sans oublier la polaire « mohair » efficace et fine. Un marin qui se respecte ne sort jamais sans ce textile prêt à affronter toute sorte de péripéties hivernales.
L’énergumène d’un mètre soixante-dix-huit est né en 1970. Quarante-cinq ans d’existence dans ce monde où Jean-Charles Lenoël ne semble trouver que peu de temps à dédier à l’ennui.
Jean-Charles c’est l’aîné d’une fratrie, avec sa sœur Karine et son frangin Sébastien. Un homme comblé qui a trouvé sa coéquipière, Marie-Anne. Puis, deux enfants sont venus bouleverser son apparente tempérance.
« Je me découvre puissant débordant de vie et impulsif lorsqu’il est de mise de les protéger. »
Attention! À bon entendeur !! Je vous conseille de ne pas tenter d’entourloupes.
De sa naissance à l’âge de raison traditionnel (sept ans), notre comédien vivait aux abords de Saint-Planchers dans une maison qui bordait la route, et ce, pour son plus grand plaisir. Il se remémore le vrombissement des voitures qui le berçait jusqu’à trouver le sommeil. Sept ans plus tard la famille s’installait dans le bourg de Saint-Planchers.
Sa maman Françoise avait posé les valises de la troupe. Une femme d’un tempérament vif, volontaire. Elle y a tenu un bar-épicerie nommé « Chez Françoise ». Celui où tout le monde venait y faire un tour : pour plonger ses papilles dans un bon verre revigorant, acheter sa baguette, son journal ou juste passer le bonjour. C’était le point central de la commune. Tandis que son mari Rémi exerçait son métier d’agent de maîtrise à la sécurité sociale, tout en soutenant le commerce de son épouse.
Après une enfance joyeuse et emprunte de solidarité, à 16 Ans Jean-Charles mettait le costume de serveur dans une ambiance où les odeurs de tabac, de pipe, de pastis s’entremêlaient autour d’un brouhaha convivial. C’était la place
où il fallait être. Ce fût son plaisir hebdomadaire avec la Mama et son emploi saisonnier. Il s’impatientait toujours avant de pouvoir vivre l’heure du rush au bar, moment inoubliable de la journée. Un instant cinématographique généré par cinquante piliers de bars dans une ambiance populaire, engagée et amusée. On aurait pu y trouver Gabin et ses compères. Jean-Charles laisse son esprit vagabonder à travers les parfums de son enfance et évoque la mémoire de son papa qui peut-être trinque avec Cyrano, ou Gabin en faisant le remake d’un Singe en Hiver.
Notre comédien revoit son paternel faire la compatibilité de la petite affaire, il était dévoué et soutenait les activités sa femme. Son père avait le don de lui faire passer des messages sans le contraindre, mais en lui indiquant les itinéraires pour lui permettre de trouver ses propres réponses. « La sécurité sociale m’ouvrit donc ses portes lors d’un emploi d’été : j’ai dû y photocopier des milliers de paperasses ! J’en suis ressorti persuadé d’être incapable de rester enfermé ! Merci papa ! »
Son premier déclic de comédien est apparu en famille en 1985. Tout ce petit monde allait au théâtre Antoine à Paris voir Lily et Lily avec Jacqueline Maillan !!! Euh c’est qui Jacqueline Maillan ? (là je me suis sentie légèrement honteuse comme si je disais à un enfant que je ne connaissais pas Kirikou). Jean-Charles me dit « Une très grande comédienne » (je ne m‘attarde pas sur cette actrice, j’entends que tout est dit, j’irai consulter sa biographie illico presto !). Cette découverte fut son premier choc artistique, un bouleversement émotionnel. « J’ai reçu en pleine figure une débauche d’énergie ! C’était vraiment chouette ! ». Lorsqu’il évoque le Boulevard des capucines … je sens qu’un vertige le guette. Ces passages heureux de son enfance resurgissent dans son esprit d’adulte. Jean-Charles laisse paraître sa sensibilité et sa bienveillance, il a ce regard pétillant attribué aux gens qui rêvent encore.
Paf…Paf…PAF ! A peine le temps de s’en remettre que le deuxième choc survient : « Son meilleur copain », son ami d’enfance, d’adolescence, William frappe à la porte de ses souvenirs. Deux destins qui ont interagi. « William a ouvert le rideau » dit-il.
Jean-Charles aimait la mer, la pêche. Il observait les bateaux rentrer aux ports frétillants de poissons, portant les marins fatigués d’une traversée houleuse, sportive et pas toujours clémente. En dehors des parties de pêche, les deux alliés se sont retrouvés à jouer ensemble au collège une scène de Tartufe. Jean-Charles jouait Dorine la servante ! Si si ! Vous ne rêvez pas.
Premier pas et premières sensations qui bougeaient les lignes de ses envies…Un séisme intérieur.
En parallèle notre comédien vivait une belle histoire avec sa mobylette ! La rencontre de la liberté à deux roues ! Et à toutes allures ! La 51V sa fidèle monture ! N’étant plus à la hauteur de ses espérances elle fût refoulée pour une 103 Peugeot ! Merci la Mob qui conduisait le comédien sur le terrain de foot pour chausser les crampons et jouer au ballon rond au club de Granville.
En 1990, à dix-huit ans et six mois, Jean-Charles s’engagea dans la Marine. Figurez-vous que c’est entre deux sorties en mer, qu’il eut l’immense joie de la rencontre avec le personnage de Cyrano de Bergerac, lors d’une soirée cinéma. Jean-Charles me dit : « Une apothéose, un coup de foudre, ces mots qui ne me quittaient plus. Du râle à la finesse, cette citation de la moustache, ses traits d’esprit, l’amour, la mort, la trahison, la jalousie. » Jean-Charles est passionné quand il évoque Cyrano, je pourrais croire que son esprit l’habite. Ce jour-là notre marin d’une volonté de fer décida d’apprendre la pièce pour lui, de la déclamer sur le pont quelque-soit le temps, dans sa couchette, au passage des poissons volants … Le marin devenait un comédien, et sa mère sa complice.
Pour découvrir jean-charles Lenoel
La compagnie du marin : https://www.facebook.com/lacompagniedumarin/
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